Conte 1. “Nouvelle espagnole. Le mauvais exemple
produit autant de vertus que de vices” in
Recueil de ces Messieurs
Amsterdam, Westein [=Troyes, Veuve Oudot, mid-March] 1745

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The Recueil de ces Messieurs is a collection of pieces, mainly satires and parodies, by various members of the Société du Bout-du-Banc,1 to whom Mme de Graffigny refers by code-names in her letters to her lifelong friend, François-Antoine Devaux. Both Sociéte and Recueil were organized by the distinguished archæologist, the comte de Caylus, and by the retired actress, Jeanne Quinault. Graffigny first mentioned the Recueil on 24 January 1744, referring to it as “une espèce de pot-pourri qui sera imprimé cet hiver, où il faut que chacun fournisse sa pièce”.2 On 6 February she called it “un ramassis de toutes sortes de choses ridicules” (V, 77). The Recueil was originally scheduled to be jokingly entitled Essais de chirurgie, the joke being that, as in Maupertuis’s Dissertation physique à l’occasion du nègre blanc, “il n’y sera question que dans le titre” (7 August 1744; V, 390). It was Caylus who changed the title “malgré tout le monde et malgré Nicole [Mlle Quinault]” (21 March 1745; VI, 269). On 7 August 1744 Mme de Graffigny announced that “on commence cette semaine à imprimer” (V, 390), a prediction that proved premature, as did a later announcement: “Ce beau recueil ne paraîtra qu’à la Saint-Martin [11 November]” (22 September 1744; V, 483).

From the outset Mme de Graffigny benefited from the help and advice of members of the Bout-du-Banc, seeing herself as an apprentice, a team player, indifferent to personal glory. In January 1744 her contribution was supposed to be an Oraison funèbre d’un capucin (V, 48-49); the next month she explained to Devaux: “C’est un capucin qui fait l’oraison d’un autre capucin. Je ne sais si on me permettrait le style du père de Neuville, car nous ne voulons ni satire ni critique, mais beaucoup de platitudes.” (V, 77.) She tried unsuccessfully to get her Lorraine friends to take it over, then persuaded the abbé Gabriel-Louis Calabre Pérau to help her (7 August 1744; V, 390; and 9 August 1744; V, 393). However, she claimed that “ce chien d’Abbé ne fait rien qui vaille” (12 August 1744; V, 399) and that his work had to be “refondu entièrement” (14 August 1744; V, 404). On 18 August Caylus told her that he was “assez content” with the first of three parts and would himself revise all three. She finished the second part five days later (V, 424), but on 25 August, after it had been read to the “aréopage” the previous day, she reported bad news: “Me voilà désolée. On a bien loué mon style d’oraison, on a bien doré la pilule, mais je crois qu’elle ne servira guère” (V, 429). No manuscript of this Oraison has survived.

On the same occasion, Caylus had provided her with a rough outline of the Nouvelle espagnole: “Blaise [Caylus] m’a donné une traduction espagnole d’une misérable petite nouvelle où il n’y a ni queue ni tête et qui est écrite précisément comme nos plans. Ils veulent que j’en fasse un petit roman. J’en suis furieuse, car je suis excédée d’écrire et je n’y entends rien, moi, à écrire. Je n’ai point du tout de belle gloire dans la tête, et j’aimerais mieux lire et jouer de ma vielle que de faire un poème épique, dût-il m’immortaliser.” (Ibid.) However, she soon started work despite professing a lack of enthusiasm: “J’ai commencé ma Nouvelle espagnole. Je suis assez contente du début.” (V, 430.)

On 13 September 1744 she told Devaux she had again consulted her friend, the abbé Pérau: “J’ai passé hier l’après-midi entière à mettre le vernis au commencement de mon chien de roman avec l’Abbé. Je l’ai prié de m’aider à cela, crainte de mettre quelques mauvais mots dont il connaît mieux l’usage que moi. [...] C’est pour la quatrième fois que j’écris le tout, sans compter un tas de chiffons où j’écris de cent façons chaque phrase qui doit être un peu tournée. Ah, le terrible métier!” (V, 465.) She would later state, however, that Pérau “ne [lui] sert pas à grand-chose” (27 September 1744; V, 490). On 16 September, she reported on work in progress: “Sais-tu bien qu’avec tout le travail dont je te bats les oreilles, mon roman n’aura que trente pages? Ah, c’est qu’il est bien difficile de vous le faire court.” (V, 469.)

On 20 September Mlle Quinault returned her first draft: “Ce n’est point du tout pour la gloire que je me crève à travailler. Quelle peut être celle d’un chétif roman? C’est uniquement pour remplir la tâche que l’on m’a donnée et pour ne pas paraître si bête que je le suis en effet. [...] Nicole me renvoie ce que j’en ai de fait, que je lui avais donné à lire dans la crainte d’être obligée à recommencer si j’allais plus loin. Elle me l’a renvoyé avec les louanges les plus flatteuses.” (V, 478.) Her principal problem with what she always called her “roman” or her “nouvelle” and never her “conte” was keeping it short: “Il faut du naturel pour la narration, et c’est justement ce naturel qui coûte. D’ailleurs, pour être courte, c’est le diable. Dans trente pages mettre un roman complet! Il faut furieusement serrer et retrancher. Mon Dieu, qu’il est aisé d’être long!” (Ibid.) By 1 October the end was in sight: “J’ai cependant écrit beaucoup aujourd’hui et même j’en suis toute contente, car j’ai levé une grande difficulté. Ce qui me reste à faire est tout croqué. Quand il n’y a plus qu’à se casser la tête sur le choix des phrases, cela va son train.” (V, 497.) By 16 October it was virtually finished: “L’après-midi je travaillai. J’eus même le plaisir de finir ma corvée. Je n’ai, Dieu merci, plus qu’à donner le dernier coup de polissoir en le relisant avec soin.” (V, 519.)

She decided now to set her story aside for a while, partly to see its faults better, partly because she was losing what little confidence she had in her own talent: “Mon histoire est finie, comme je te l’ai mandé. Il faudra cependant encore regratter sur le tout. Peut-être en aurai-je encore pour un peu de temps, mais je la laisse reposer puisque l’on ne me presse plus et qu’il y en a encore de plus tardifs que moi. J’en verrai mieux les fautes quand je la relirai. Mon Dieu, qu’elle me pue! que je la trouve vilaine!” (20 October 1744; V, 524.) She still spent over a month revising her “chiffon”, declaring: “Si je le gardais dix ans, je les passerais à corriger” (28 October 1744; VI, 11). On 2 November she announced that it was finished at last: “Je viens d’écrire avec une joie sublime le dernier mot de mon roman, c’est-à-dire la dernière de toutes mes corrections sur le dernier manuscrit. [...] Ah, comme il me pue au nez!” (VI, 26.)

Caylus was full of praise for her work, blaming himself for its faults: “Mon roman ou nouvelle a été loué par Blaise jusqu’aux nues. Il m’a donné mille excuses de m’avoir donné un si mauvais canevas.” (30 November 1744; VI, 78.) After she had made a clean copy, she learned that this manuscript would be recopied for use by the printer: “J’ai appris que l’on nous rendait nos manuscrits après les avoir fait copier et avant de les imprimer” (11 December 1744; VI, 95). The final copyist eliminated the idiosyncracies of Mme de Graffigny’s spelling which would be apparent in the first edition of the Lettres d’une Péruvienne.

In early January 1745 she completed some corrections that Caylus had requested, using the opportunity to take some account of Devaux’s criticisms and to correct numerous “fautes de copiste” (VI, 136). In early February he returned it again, this time “pour la ponctuer” (VI, 183), though punctuation was not one of Mme de Graffigny’s strong suits. Despite making further last-minute corrections, she still found her story “beaucoup moins bonne que jamais” (ibid.).

Meantime, when news of the impending Recueil leaked out, plans were made to protect the anonymity of its contributors by publishing first another collection entitled Cinq Contes de fées (see Conte 2 below): “Nicole me tient le couteau sur la gorge. Elle veut qu’il [Cinq Contes] soit imprimé avant notre pot-pourri [Recueil]. Ce sont de ses finesses cousues de fil blanc. Elle dit qu’on a trop jasé sur notre livre commun, qu’il sera critiqué. Elle veut donner ces vieux contes avant, afin qu’on prenne le change, que l’on croie que l’autre n’existe pas, que ce n’était qu’une plaisanterie, et que celui-ci sera le véritable.” (8 January 1745; VI, 143-144.) Mme de Graffigny even feared that her Nouvelle espagnole might be included in Cinq Contes, despite the fact that “l’Espagnole ne peut aller avec des contes de fées”, and that her other story, La Princesse Azerolle, would appear in the Recueil (10 March 1745; Dainard, VI, 241). She reacted coldly to these plans.

That evening she was surprised to receive two printed copies of the Recueil: “J’ai reçu un paquet de Nicole. Juge de mon étonnement en voyant deux exemplaires de notre livre commun! L’Espagnole y est toute entière. Dès qu’on le vendra, je t’en envoyerai un, car je ne puis te donner le mien qui est beau, bien relié et doré.” (VI, 242.) Mlle Quinault refused to tell her the name of the publisher, so she sent a messenger to ask Caylus, who must have complied with her request: “Après la comédie j’ai été moi-même chez la dame Oudot3 obtenir d’elle un de nos ouvrages afin de te l’envoyer. Ils ne sont pas encore en vente à ce qu’elle dit, mais tant y a que je t’en envoie un par cet ordinaire.” (12 March 1745; VI, 245.)

“La dame Oudot” was Jeanne Royer (1700-1781), whose husband, Jean Oudot (1699-1745), the last of the Oudot who had been printers in Troyes for three centuries, had published the Étrennes de la Saint-Jean in 1741. Upon his death on 18 January 1745 she inherited his printing and publishing business and had already published an edition of Les Écosseuses, ou les Œufs de Pasques (1745). Her business ended in 1760 when the authorities reduced the number of printing houses in Troyes from four to three.4 Mme Royer-Oudot is not listed by Lottin, so she did not legally practise her trade in Paris, but she is known to have had a base of some kind in the capital for business purposes.5

It seems likely that the publisher made no payment for the manuscript of the Recueil: “Le profit en est tout entier à l’imprimeur” (21 March 1745; VI, 269).

The publisher used the false imprint “Amsterdam, Westein”. There was no Westein in this city, but there was a whole dynasty of Wetstein. Mme Oudot may well have misspelled his name deliberately, a frequent practice in pirated editions.

Mme de Graffigny considered that the edition was not well produced: “J’ai encore pris sur moi de lire quelques pages de l’Espagnole sur ma chaise percée. Il y a autant de fautes que de mots.” (14 March 1745; VI, 248.) She was consoled by the success of her contribution. She was assured by Mlle Quinault, Cahusac and Duclos that “tous ceux qui l’ont lue lui donnent la préférence” (ibid.), and she admitted that “il est vrai que grands et petits louent mon morceau et blâment les autres” (17 March 1745; VI, 261).

The attribution of some of the pieces to authors (see Contents below) is based primarily on the following statement by Mme de Graffigny in a letter to Devaux of 18 March 1745:

Voici les noms qu’il [Duclos] nous nomma et qu’à force de réflexions j’avais nommés avant à Lirida près, que je donnais bien à Blaise pour le style mais où je trouvais trop de conduite. L’un et l’autre sont cependant à lui. La seconde, À deux de jeu, est de la Douceur [Jean-Louis de Cahusac]. Les deux dialogues du Petit [Claude Crébillon] -- il me les avait lus. Sur les Turcs, nous ne savons de qui c’est. Tant pis pour lui si c’est La Chaussée, car cela ne vaut pas grand-chose. L’Histoire de Picardie, qui est un peu arraché du Berceau de La Fontaine, est de La Merluche [Charles-Henri de Fuzée, abbé de Voisenon]. Je l’avais deviné aussi. Nouvelle espagnole? Devine-la. Je parie que tu t’y seras trompé. La Vérité au fond d’un puits, c’est de la Cervelle [François-Augustin Paradis de Moncrif]. Tant pis pour lui aussi. Je l’avais donné à Blaise. Lettres pillées, c’est encore de Blaise. Je les lui avais données. Sur Les Spectateurs, nous n’en savons rien. L’Histoire morale, c’est Nini [Marie-Maximilienne-Françoise de Longeville, baronne de Preysing] écourtée jusqu’au cul. L’Éloge de la paresse, nous n’en savons rien. Le Chien enragé, Piron. Je l’avais donné à Léger [Benoît-Étienne Berthier]. Le Problème, que La Rancune [Duclos] trouve admirable et moi fort sot, est de Clairaut. La Critique, de La Rancune. Te voilà aussi savant que nous. (VI, 248.)

In his reply Devaux proposed two further identifications, on which Mme de Graffigny never comments: “Les Spectateurs tiennent aux Lettres pillées; le tout doit être du même. [...] L’Éloge de la paresse ne serait-elle pas du Génie [Helvétius]?”6 He also mentioned that Caylus or Mlle Quinault must have changed Graffigny’s title.7 He had formed the impression that it was to be entitled Alphonse, but Mme de Graffigny had frequently referred to it by the title it eventually received.

The Critique, which is the last item in the Recueil, is ostensibly Duclos’s review of all the preceding pieces. Mme de Graffigny claimed that he had not read any of them: “Nicole le chargea de la faire l’automne dernier. Il ne demanda que les titres des ouvrages” (14 March 1745; VI, 247). Indeed, Duclos writes: “Je suis dans une si grande habitude de faire des critiques que je n’ai pas eu besoin de lire l’ouvrage.”8 The list provided by Mlle Quinault was out of date — for example, it included Mme de Graffigny’s Oraison funèbre d’un capucin but not her Nouvelle espagnole —, so the former was duly reviewed but not the latter! However, his remarks on Clairaut’s Problème, which deals mathematically with the male erection, suggest that he had read it.

Mme de Graffigny sent Devaux a presentation copy of her Nouvelle espagnole and of La Princesse Azerolle, bound together in yellow morocco, after she had “démembré” their respective volumes.9 I have found no other trace of this copy.

In his Lettres de Madame la Comtesse de *** sur quelques écrits modernes, Fréron states that the Recueil de ces Messieurs “n’a pas eu un cours favorable”.10 Desfontaines made favourable mention of Liradi, but declined to comment further.11